Lucy n’est pas le plus ancien fossile humain ! Preuves de nos origines, les fossiles humains sont les seules preuves de l’origine de l’humanité. Ils retracent l’origine de l’espèce humaine. Vous en connaissez probablement la plus connue (Lucy), mais ce n’est pas évident de tous les connaitre. Ce classement regroupe les 10 plus anciens fossiles connus à nos jours. Ensemble, découvrons-les.
10. Enfant de Taung, 2,5 millions d’années

Le fossile désigné sous le nom d’« enfant de Taung » est le crâne d’un individu juvénile de l’espèce Australopithecus africanus. Il a été découvert en 1924 par des carriers de la Northern Lime Company à Taung, près de Kimberley, en Afrique du Sud. À partir de ce crâne, Raymond Dart a défini, en 1925, dans le journal Nature, un nouveau genre d’hominidé, les australopithèques, et une nouvelle espèce. Le crâne de Taung est en dépôt à l’Université du Witwatersrand1. Dean Falk, une spécialiste de l’évolution du cerveau a qualifié ce crâne de « the most important anthropological fossil of the twentieth century ».
9. Lucy, 3,18 millions d’années

Lucy, ou Dinqnesh parfois écrit Dinknesh, est le surnom donné au fossile de l’espèce éteinte Australopithecus afarensis découvert en 1974 sur le site d’Hadar, en Éthiopie, par une équipe de recherche internationale. Ce fossile est daté de 3,18 millions d’années. Lucy constitue le premier fossile relativement complet (conservé à 40 %, avec 52 fragments osseux) qui ait été découvert pour une période aussi ancienne, et a révolutionné notre perception des origines humaines, en démontrant que l’acquisition de la bipédie datait d’au moins 3,2 millions d’années, et avait largement précédé le processus d’accroissement du volume endocrânien. Lucy a été découverte le 24 novembre 1974 à Hadar, sur les bords de la rivière Awash, dans le cadre de l’International Afar Research Expedition fondée par Maurice Taieb, un projet regroupant une trentaine de chercheurs éthiopiens, américains et français, codirigés par Donald Johanson (paléoanthropologue), Maurice Taieb (géologue), Claude Guillemot (artiste et paléontologue) et Yves Coppens (paléontologue). Le premier fragment du fossile a été repéré par Donald Johanson et Tom Gray, l’un de ses étudiants.
8. Selam, 3,33 millions d’années

Selam (répertorié sous le nom de code DIK-1/1), qui signifie « paix » en amharique, est le surnom donné à un fossile de l’espèce éteinte Australopithecus afarensis, découvert en 2000 à Dikika, dans l’Afar, en Éthiopie, par le paléoanthropologue éthiopien Zeresenay Alemseged de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste. Selam fut découvert le 10 décembre 2000 près du village de Hadar sur la colline de Dikika 1, située au sud de la rivière Awash. Cette zone du nord-est de l’Éthiopie est riche en fossiles en tous genres. Le site où fut découvert Selam se trouve à quatre kilomètres du lieu où Lucy avait été découverte 26 ans plus tôt, ce qui a amené la presse à surnommer Selam « le bébé de Lucy » (bien qu’il soit plus vieux qu’elle d’environ 150 000 ans). Le crâne est la première partie du squelette qui fut découverte. Le squelette se trouvait alors dans une gangue de sédiments en grès, ce qui a demandé un travail de dégagement de plus de cinq années, encore inachevé lors de l’annonce de la découverte.
7. KNM-WT 40000, 3,5 millions d’années

Justus Erus, un assistant de recherche kenyan travaillant dans une équipe dirigée par Meave Leakey, a découvert le crâne KNM-WT 40000 en 1999. Le crâne, presque complet, a été trouvé en deux morceaux, la boîte crânienne étant séparée du visage. Le petit cerveau et le canal auditif sont similaires à ceux des tout premiers humains comme Austraolpithecus anamensis ou même les chimpanzés modernes. À l’inverse, son visage plat, ses pommettes hautes et ses petites dents à émail épais sont des traits que l’on retrouve chez des fossiles humains plus tardifs comme ceux de l’Homo rudolfensis ou de l’Homo habilis, datant d’environ 2 millions d’années. Le crâne à face plate est considéré comme l’holotype du Kenyanthropus platyops, mais son identification est controversée. Le KNM-WT 40000 est considérablement déformé, ce qui amène certains paléoanthropologues à penser que le crâne appartient en fait à un individu afarensis. Le KNM-WT 40000 étant le seul individu connu de Kenyanthropus, il est difficile de déterminer les caractéristiques de l’espèce entière. Tant que les scientifiques ne trouveront pas d’autres fossiles appartenant au Kenyanthropus platyops, l’identification de l’espèce et le sexe du KNM-WT 40000 ne seront pas résolus.
6. Kadanuumuu, 3,58 millions d’années

Le premier élément fossile, un ulna proximal, a été découvert le 10 février 2005, sur le site de Korsi Dora, dans le Bas-Awash, dans la région Afar, en Éthiopie, par l’éthiopien Alemayehu Asfaw, un membre de l’équipe du paléoanthropologue éthiopien Yohannes Haile-Selassie, directeur du département Anthropologie du Muséum d’histoire naturelle de Cleveland (en), aux États-Unis1. L’ensemble de la découverte a été décrite en 2010 par la même équipe2. Le fossile est répertorié sous le numéro KSD-VP-1/1. Les éléments mis au jour comprennent plusieurs vertèbres cervicales, une clavicule, une omoplate, 5 côtes, les os du bras droit (sans la main), une partie du sacrum (os du bassin), et les os de la jambe gauche (sans le pied), mais aucun élément crânien. Avec une taille estimée à environ 1,50 m, Kadanuumuu, probablement un mâle, est nettement plus grand que Lucy, individu femelle de la même espèce découvert en 1974 à Hadar, non loin de Korsi Dora.
5. Abel, 3,6 millions d’années

Abel est le surnom donné au premier spécimen de l’hominidé fossile Australopithecus bahrelghazali, découvert en 1995 au Tchad par une équipe conduite par Michel Brunet. Il aurait vécu entre 3,5 et 3,0 millions d’années BP et serait contemporain d’Australopithecus afarensis. Le choix du surnom est un hommage au géologue Abel Brillanceau, un collègue de Michel Brunet décédé en 1989 au Cameroun. Les restes d’Abel se réduisent à la partie antérieure d’une mâchoire, ce qui explique le peu d’information concernant son mode de vie. Cependant, les quelques dents retrouvées confirment son appartenance au genre australopithèque : il possède une deuxième prémolaire avec une couronne large et molarisée.
4. Stw 573 (Little foot), 3,67 millions d’années

« Little Foot » (ou « Petit Pied » en français) est le surnom donné au squelette fossile d’une australopithèque, découvert en 1994 et 1997 par Ronald J. Clarke dans des circonstances exceptionnelles, à Sterkfontein, en Afrique du Sud. Ce fossile aujourd’hui dégagé représente le squelette d’australopithèque le plus complet jamais découvert à ce jour. Avant que l’histoire géologique du site soit précisée, son âge a fait l’objet d’estimations contradictoires, allant de 2,2 à 4 millions d’années. Une étude publiée en 2015 indique qu’il date de 3,67 millions d’années, et est ainsi plus ancien que Lucy. Les premiers éléments squelettiques appartenant au fossile de « Little Foot » furent identifiés par le paléoanthropologue Ronald J. Clarke en 1994, alors qu’il classait des fossiles attribués à des bovidés découverts précédemment à Sterkfontein.
3. KNM-KP 271, 4 millions d’années

Il s’agit d’un morceau de l’humérus distal gauche (bras supérieur) d’Australopithecus anamensis, le seul fossile d’hominidé découvert par la première expédition de Bryan Patterson de l’Université Harvard à Kanapoi, dans le Turkana occidental, en 1966. Au moment de sa découverte, l’attribution taxonomique était ambiguë. Cependant, quelque 30 ans plus tard, des expéditions dirigées par Meave Leakey, dans les gisements fossiles reculés de Kanapoi, recouverts de cailloux, ont retrouvé d’autres restes d’hominidés. Ce spécimen (KNM-KP 271) et les nouveaux fossiles découverts à cette époque ont alors été attribués à la nouvelle espèce Australopithecus anamensis. L’Australopithecus anamensis de Kanapoi est daté entre 4,1 et 4,2 millions d’années. Plusieurs spécimens ont également été retrouvés sur des sites légèrement plus jeunes (3,9 millions d’années) à Alia Bay sur la rive est du lac Turkana.
2. KNM-KP 29281, 4,1 millions d’années

KNM-KP 29281 est une mandibule adulte qui comprend toutes les dents, mais pas les ramis. Les dents montrent des canines qui ont des racines longues et très robustes, et un émail molaire épais. Ce spécimen présente des similitudes avec des spécimens fossiles plus anciens de Laetoli en ce qui concerne la taille des canines, ainsi que l’évasement des molaires et les canines maxillaires implantées verticalement.
1. Ardi, 4,4 millions d’années

Ardi est le surnom donné à un squelette d’hominidé datant de 4,4 millions d’années (Pliocène). Ce fossile, répertorié sous le numéro ARA-VP-6/500, correspondrait à un individu féminin et a été découvert par Tim D. White, Gen Suwa et Berhane Asfaw lors de fouilles qui se sont déroulées de 1992 à 1994 en Éthiopie. Il a été rattaché à l’espèce Ardipithecus ramidus. Il s’agit du plus ancien squelette d’hominidé retrouvé. En effet, de celui de Toumaï il ne reste que le crâne et d’Orrorin quelques fémurs, un humérus et des dents. Le 2 octobre 2009, des travaux parus dans la revue Science2 annoncent qu’Ardi serait le plus ancien fossile actuellement connu de la branche humaine sur l’arbre phylogénétique de la famille des primates.